Putain de ruelles.

C’est quoi mon problème de passer par ici? Et pourquoi est-ce que je suis restée à l’école aussi tard pour consoler une copine qui venait de se faire larguer? Et pourquoi est-ce que je suis allée la reconduire chez elle, dans ce quartier de merde! Non, non... c'est pas si merdique…

S’il m’arrive quoi que ce soit, genre un maniaque qui m’attaque par derrière, mes cours de karaté sont toujours très frais dans mon esprit… TRÈS TRÈS frais! Sinon y’a toujours mes cours d’escrime. Je trouve un bâton et Hop! Je le butte! …Ah mais enfin qu’est-ce que je dis… Y’a personne qui va m’attaquer… C’est pas parce que je suis dans une ruelle sombre, dans un coin qui laisse à désirer côté personnes qui n’ont rien à se reprochés, que je vais me faire tuer. Battre et violer peut-être, mais pas tuer. So calm down little girl...

Je dis n’importe quoi, je vais simplement continuer de marcher vers la fin de cette ruelle de merde et je vais retourner chez moi. En vie. Sans dommage. Je vais me fermer les yeux pour que ça passe plus vite! Oui, c’est vraiment une bonne idée! Aller, un, deux, trois… Je ferme mes yeux. Okay bon, tout est noir, ça change pas grand-chose… Okay, okay, je marche tranquillement…

*BOM*

-DAMMIT!

C’est quoi ça! J’ouvre les yeux, il fait aussi noir que lorsqu’il était fermé. Je tapote un peu devant moi, c’est du métal, ça a une forme cylindrique… Ah ce n’est qu’une poubelle. Je me relève en vitesse et continue de marcher, en m’éclairant avec mon Ipod. J’aurais du y penser avant, c’est un peu moins épeurant quand on a un tout petit peu de lumière. Un pocito de luz…

Calmement, je marche vers la sortie de cette ruelle…

Me retournant, je sors les clés du salon de mes poches, verrouillant la porte d'entrée pour la nuit. Je pousse un soupir, soulagé. Ce que je peux détester les fermetures! Surtout la semaine, puisqu'on les fait complètement seuls. Le ménage, les comptes, les appels… c'est pas du tout pour moi.

Je glisse la bretelle de mon sac sur mon épaule droite tandis que je laisse le salon de tatouage où je travaille pour quelques jours. Un congé, ça me fera le plus grand bien. J'ai eu quelques clients aujourd'hui dont je me serait bien passé… On a beau me payer pour faire ce boulot, j'en suis pas un esclave pour autant!

Remarquant la fine neige qui commence à tomber, je remonte la capuche de mon manteau sur ma tête et glisse mes mains dans mes poches. C'est qu'il fait pas très chaud non plus… Enfin, j'emprunte une petite ruelle bien sombre pour rejoindre la rue principale, comme à l'habitude. Oui, bon, les coins lugubres sont plutôt à éviter à Kairaku, puisqu'on ne sait jamais sur quoi ou qui on pourrait tomber. Sauf que j'en ai l'habitude; moi-même je fait partie de ces mauvais garçons qui cherchent la bagarre tout le temps… Sauf qu'au moins, je m'en prend pas à des innocents. Enfin, si jamais on me saute dessus…

…

Je me retourne brusquement vers une ruelle perpendiculaire à la rue sur laquelle je me trouve, alors qu'un grand bruit métallique retentit. Elle est plutôt creuse, cette allée… J'entends faiblement un juron lancé en anglais d'une voix féminine, et, intrigué, décide d'aller voir ce qui se passe… Soudainement, une lumière blanchâtre s'allume et je peux, de loin, distinguer le visage de la demoiselle. Je ne croirais pas qu'elle sois une gamine de la rue… Alors qu'est-ce qu'elle fait ici?

"Uh…" je me risque, m'avançant vers elle. "Ça va? Tu t'es pas trop fait mal?"

(HJ: ha putain mon message s'est effacé =( )

J'entend des pas derrière moi. Merde. Merde. Merde. Mon père m'avait bien dit de faire attention aux gangs de rues. Il y en a ici. Pourquoi est-ce que je ne l'ai pas écouté? Là, je vais sûrement mourir. Par ma faute! J'aurais du être une petite-fille-bien-sage-à-son-papa. J'aurais sûrement fait rire de moi... Mais au moins je ne serais pas décédé à 18 ans. J'aurais pu ouvrir un salon de thé... Faire des dons pour des organismes qui s'occupes des gosses qui meurent en Afrique. Trop jeunes. Comme moi. Ouais! Si je survis c'est la première chose que je fais en arrivant. Bah peut-être demain, il est un peu tard... Mais je vais mourir je suis certaine. Les cours de karaté ne sont pas si frais que ça à ma mémoire. Et puis, je suis bien trop petite et bien trop mince pour me défendre. Je suis qu'une gamine sans défense... Dépourvu de musculature...

Les pas se rapprochent et j'entends un voix me demander si je me suis fait mal. C'est quoi le rapport?! Je marche!! ...Ha oui, j'ai foncé dans une poubelle tout à l'heure... Y'a peut-être 10 secondes en fait, le temps passe vite quand on a peur.

C'est peut-être pas un mec de bandes de rues s'il me demande si ça va... Mais c'est peut-être une ruse aussi!

Je me retourne vers lui, les poings vers lui, prête à attaquer et lui lance:
-Me touche pas! Je suis ceinture jau.. noire! en karaté!

Mon ipod encore à la main -j'arriverai pas à le frapper si j'ai un ipod dans la main!- je peux distinguer son visage. Il a l'air tout gentil.... Je baisse un peu les poings, reprend une position à peu près normale et lui dit:
-Désolée, je suis un peu nerveuse... Oui, tout va bien, merci... But i'm so scared... This fuckin' place freaks me out you know...

[Ça fait huit fois je recommence > <]


Elle se retourne brusquement dès que je termine de l'interpeller, poings levés, prête à se défendre si l'idée me vient de m'en prendre à elle. C'est drôle, mais elle ne me fait pas peur du tout, cette gamine…

"Me touche pas! Je suis ceinture jau… noire! En karate!"

Ses paroles m'étonnent un peu, et je m'arrête une seconde, sourcils levé. C'est un peu ridicule, son truc. Quoique je peux bien comprendre; quand on n'a pas l'habitude, c'est peu rassurant de se promener dans le coin. Un sourire aux lèvres, je m'approche un peu plus d'elle, alors qu'elle semble se rassurer un peu. Elle semble toujours sur la défensive, mais elle a l'air de comprendre que je n'en veux pas à sa vie… Mauvais réflexe, tout de même.

"Désolée, je suis un peu nerveuse… Oui, tout va bien, merci… But I'm so scared… This fuckin' place freaks me out, you know…"

Je suis maintenant arrive à sa hauteur, et, le sourire toujours aux lèvres, j'hausse les épaules:

"Bah, j'peux comprendre. C'est pas un endroit qu'on aime fréquenter la nuit tombée."

Je jette un regard par-dessus mon épaule, par réflexe, puis lui fait signe de me suivre vers la sortie de la ruelle. Mieux vaut ne pas traîner ici trop longtemps. Elle a eu de la chance tout de même de tomber sur moi, mais ça ne veux pas dire que personne d'autre s'en prendra à nous. Je croirais pas, mais bon. Pourquoi prendre des risques?

"C'est pas prudent de traîner dans le coin à cette heure-ci…" dis-je alors qu'on finit par déboucher sur une rue. "Surtout quand on est incapable de se défendre seule."

Sur ces mots, je lui jette un regard amusé, sourire narquois aux lèvres. Elle est plutôt petite et frêle, je la verrais vraiment pas s'en prendre à des mecs d'Hanoshi ou Bokudan… Elle se ferais probablement battre jusqu'à ce qu'elle en perde connaissance… et ça ne prendrait qu'une minute.

"Au fait, tu peut me dire ce que tu fait ici toute seule? Tu t'en vas où comme ça?"

En me retournant, les bras dans les airs, prête à l’attaque, le garçon qui me fait face sourit d’une drôle de manière… Un peu comme pour se moquer de moi. Okay. Je dois pas être très crédible, c’est vrai. Je sens donc le besoin de me justifier.

En entendant mes «justifications», le jeune homme approuve mes peurs. J’étais donc vraiment en danger? Merde. I didn’t think this place was so dangerous… Bon, maintenant il y a quelqu’un avec moi, c’est moins pire. Je sais que je ne devrais pas lui faire confiance aussi facilement, c’est peut-être juste une ruse après tout… Mais je suis quand même pas pour m’enfuir en courant. Ce serait ridicule. Totally.

Il jette un regard derrière son épaule… Il a pas l’air d’avoir peur, seulement… on dirait qu’il veut vérifier qu’on est bien seul, que personne ne va venir nous attaquer…

"C'est pas prudent de traîner dans le coin à cette heure-ci… Surtout quand on est incapable de se défendre seule."

Sur ce, il me lance un regard amusé en souriant. Ouais. Il a deviné que j’étais pas vraiment forte. Okay, je suis petite, pas musclée et je n’ai pas l’air d’être douée pour faire du karaté. C’est quand même pas une raison pour prétendre que je suis faible.

«Il ne faut pas se fier aux apparences, jeune homme. Ta mère t’a jamais dit ça?» que je lui lance en riant.

On finit par arriver sur une rue, à mon grand soulagement. J’en pouvais plus d’être dans cette ruelle…

"Au fait, tu peut me dire ce que tu fait ici toute seule? Tu t'en vas où comme ça?"

«Well, I’m going home. Je suis restée à l’école plus longtemps pour consoler une amie et ensuite je suis allée la reconduire chez elle. Je me retrouve donc toute seule dans une ruelle sombre… Je croyais pas restée aussi tard chez elle, et puis je suis passée par ici parce que c’était plus court…»

En lui racontant cela, je range mon Ipod dans mon sac, étant donné qu’il ne m’est plus vraiment utile. Au fait, je ne lui ai même pas demandé son nom. Et pas demander ce que lui faisait ici. Bon il a l’air plus habitué que moi d’être ici, il est plus relax, ça se voit… Même s’il reste un peu toujours sur ses gardes…

«Je m’appelle Violette, by the way»

Je prononce mon nom à la française, c’est trop moche dis avec un accent anglais. Vaylet. Ha ha. N’importe quoi, vraiment.

«So what’s yours?» que je lui lance sur un ton chantant. L’enthousiasme, j’imagine. Chaque fois que je rencontre quelqu’un de nouveau ici, excepté au lycée, ils sont tous froids. C’est le premier mec passablement sympa à qui je parle. Faut dire que j’ai pas rencontré beaucoup de gens à l’extérieur du lycée, mais bon.

«Et que faisais-tu dans des ruelles aussi dangereuses? Tu m’as pas montré tes talents en karaté, mais je mettrais ma main au feu que t’es pas meilleur que moi!»

"Il ne faut jamais se fier aux apparences, jeune homme. Ta mère ne t'as jamais appris ça?" me répond-t-elle en riant.

"Ma mère est morte," que je lui lance aussitôt, le plus sérieusement possible. C'est pas vrai, mais c'est toujours marrant de voir ce que les gens ont comme réaction.

Et en effet, elle cesse aussitôt de rire, un peu mal à l'aise. C'est donc à mon tour de m'esclaffer, m'excusant du même souffle.

"Neh, t'inquiètes, c'est une blague," fis-je, une fois mon court rire calmé. "Au fait, tu peux me dire ce que tu fais ici toute seule? Tu t'en vas où comme ça?"

Nous arrivons enfin sur une rue, et elle se met à m'expliquer la raison de sa présence, rangeant son lecteur MP3 dans son sac. Elle a donc joué la grande amie sympathisante et s'est retrouvée dans ce coin paumé. Ce n'est donc pas une nouvelle du coin et elle ne semble pas s'être perdue non plus. C'est probablement une gamine de Kerisu elle aussi, alors.

"Je m'appelle Violette, by the way,"

Je ne m'attendais tellement pas à ce qu'elle parle tout d'un coup, que je sursaute légèrement lorsqu'elle se présente. Violette…? Ça doit être européen, comme nom. C'est vrai qu'à la regarder à la lueur des lampadaires, elle ne semble pas être une japonaise. Arg. Je ne suis même pas certain d'être capable de prononcer son nom comme il le faut.

"So, what's yours?"

"Sanzo" lui répondis-je d'un sourire. Bon, ce n'est pas réellement mon nom, mais je déteste celui que mes parents m'ont attribué. Il sonne beaucoup trop féminin et ridicule, que peu de gens connaissent mon véritable nom.

Et c'est là qu'elle finit par me demander ce que moi je faisais dans le coin. Elle n'a vraiment pas l'air de me prendre pour un voyou, à ce que je peux voir. Et pourtant… bon, c'est vrai que je m'habille comme les mecs d'Omochi, mais ça ne change rien au fait qu'habituellement, je suis un de ceux que l'ont peut retrouver au milieu des grosses bastons du coin. Au moins, je ne m'en prends pas aux innocents et elle ne craint rien avec moi, mais bon…

"Je reviens du boulot. Je bosse dans un salon de tatouages dans la rue d'à côté" expliquais-je d'un air nonchalant, juste pour faire la discussion. Puis j'ajoute, d'un sourire narquois; "Et puis, c'est vrai que je m'y connais pas trop en karaté, mais j'suis quand même un habitué d'la baston!"

Je lâche un rire amusé et rassurant, histoire qu'elle n'ait pas peur que je l'amène dans un coin sombre pour la battre. Enfin, plus sérieusement, je lui demande de quel coin elle est.

"Kerisu, j'imagine? J'suis de ce coin-là aussi. Si tu veux je peux te raccompagner jusqu'à chez toi, j'ai pas vraiment mieux à faire et t'es plutôt sympathique alors ça me dérange pas vraiment."

Ha ah ha. Il a un drôle d’humour ce petit gars. Lorsque je me présente, il sursaute légèrement, ce qui me fait pouffer de rire. Il a tout de même l’air de s’interroger sur mon nom, car il ne répond rien. J’sais pas, mais quand quelqu’un se présente d’habitude on répond quelque chose.
Something like ‘okay’. Anyway…

«Sanzo» dit-il en souriant.

Sanzo… Sanzo… Ça a sûrement une signification quelconque. Toutefois, je ne lui demande pas laquelle, je m’en fou un peu…

«Well, it’s a pleasure Sanzo!» que je lui lance avec un accent anglais très exagéré en faisant une révérence, juste avant de rire.

Je lui demande ensuite ce que lui fait dans le coin. Il me répond qu’il travaille dans un salon de tatouages.

"Et puis, c'est vrai que je m'y connais pas trop en karaté, mais j'suis quand même un habitué d'la baston!"

Oh… Je ne veux pas trop embarqué dans ce sujet. Pourquoi est-ce qu’il me dit ça, je n’avais plus peur! La façon dont il rit me rassure un peu, mais quand même… Je lui souris faiblement et lance, histoire de changer un peu de sujet :

«Tatou, hun? C’est vraiment chouette! J’aimerais bien m’en faire faire un. Un de ces jours… Quand…» Je prends une petite pause, un peu gênée par la suite, «quand mon père trouvera que je suis assez vieille pour en avoir un. C’est chiant, hen? J’ai 18 ans et j’suis même pas foutu de prendre des décisions par moi-même! It’s MY body, isn’t it?! … Quoique je pourrais le faire a une place assez discrète… où il ne le verra pas. Ouais... » dis-je, un peu moins fort, perdue dans mes pensées, me cherchant un tatouage cool à me faire.

Il m’offre gentiment de me raccompagner. Il habite dans le même coin que moi. Ça me rassurerait un peu… Kerisu est vraiment plus sécuritaire que Kairaku, mais il arrive que des voyons se promènent dans les rues. Et il commence à être vraiment tard…

«Sì, je suis de Kerisu. Si tu me raccompagne, tu me battras pas?» que je demande en riant. J’ai un peu peur, mais c’est plus pour… je sais pas en fait. J’imagine que je suis encore très nerveuse et que je recommence à dire n’importe quoi.

Nous continuons de marcher en direction de chez moi.

«T’as quel âge, au fait?»

Ouais, c’est vraiment une question sans intérêt, mais je suis toujours curieuse de connaître l’âge des gens.

«T’habites encore chez tes parents?»

Sûrement pas. Mais je pose toutes les questions qui me passent par la tête, c’est toujours mieux que de pas parler…

C'est qu'elle a la jasette facile, la gamine! Bah, je ne m'en plains pas; moi aussi, il m'arrive souvent de me mettre à parler de plein de trucs pas trop intéressant, simplement histoire que ça sois pas complètement silence… Et puis c'est pas une mauvaise affaire; la nuit, dans un coin comme celui-ci, vaut mieux pas trop entendre ce qui se passe autour. C'est pas rare d'entendre des coups de feu ou des trucs du genre…

"Bah tu sais," dis-je d'un petit rire, "à partir de 18 ans, on a pas besoin d'autorisation parentale pour faire un tatouage. Et des filles qui s'en font faire en cachette, on en a à la tonne. Alors, bah… Si jamais l'envie de prend, tu peux passer par la boutique. Je t'aiderai à trouver un truc qui te plaît."

Je lui fait un charmant sourire suite à mon offre, avant de retourner mon regard vers la rue, alors qu'on tourne à nouveau un coin. Repoussant quelques mèches de cheveux, je jette un regard vers ma montre. Il se fait vraiment tard… Je lui demande de quel coin elle vient, quoique je m'en doute pas mal. Enfin, je lui propose de la raccompagner jusqu'à chez elle, parce que bon, avoir un peu de compagnie, c'est jamais une mauvaise chose, et puis elle se sentirais peut-être plus en sécurité aussi. Kerisu c'est pas mal comme coin, mais la nuit tombée, il arrive que les gangs se rencontrent là, histoire de peter la gueule à quelques gosses du coin…

"Si tu me raccompagne, tu ne me battra pas?"

Elle rit, mais je vois bien qu'elle est un peu nerveuse. Je souris à nouveau, histoire de la rassurer du mieux que je peux.

"Non, t'inquiète, j'ai l'habitude de me battre, mais pas comme ça, juste pour le plaisir. Je m'en prends qu'à ceux qui s'en prennent à moi, quoi. T'as rien à craindre avec moi."

Baaah. Ce que je suis pourri pour conforter les gens. Mais c'est pourtant vrai ce que je raconte; je déteste ceux qui se battent avec ceux qui ne leur ont rien fait. Pour ma part, j'essaie de limiter le nombre de fois où je tape, parce que bon. J'ai joint ce gang pour la forme, pas parce que j'aimais particulièrement frapper…

Je la laisse me guider vers son logis, marchant tout de même à sa hauteur. Mon pas est nonchalant, profitant de la belle température. Je suis bien content qu'il n'aie pas neiger encore…

"T'as quel âge au fait? T'habites encore chez tes parents?"

Je ris un peu, amusé. Seigneur, elle se tait jamais, ou quoi? (XD)

"J'ai 19 ans, eeeet…." J'hésite un peu, une fraction de seconde. "Tu crois que je pourrais me payer un logement à Kerisu par moi-même?" j'ajoute d'une grimace. "Ouais, j'habite encore chez mon père. Mais bon, on se voit presque jamais, vu que j'habite dans le sous-sol et lui à l'étage. Donc… on peut presque dire que non."

On s'approche de plus en plus de Kerisu, et c'est enfin que je commence à me demander où est-ce qu'elle peut bien habiter, précisément. Oui, bon. C'est qu'elle peut être à encore une demi-heure de marche comme à cinq minutes…

J'aurais peut-être dût prendre mon auto, finalement.

"Au fait, t'habite encore loin? Ça ne me dérange pas trop – personnellement j'ai encore vingt minutes de marche à faire – sauf que bon…"

Bleh. Je sais même plus ce que je dit…



[gfjdshgfjdshgjhf désolée la fin est moche D: …J'arrivait pluuuus… OTL]

(non, elle se la ferme jamais… comme moi xD)

Trop cool le tatouage! Des tonnes d’images se bousculent dans ma tête : une rose, une citation, un parapluie, un soleil, etc. Je sais pas quoi me faire, mais ça va être trop bien! Le seul problème c’est que je dois le faire à une place assez discrète. Mon père est assez contrôlant question ‘qu’est-ce que je fais avec mon corps’. Enfin…

«Ouais, je crois même que je vais passer bientôt! Je pourrais me faire faire quelque chose sur la hanche, c’est joli, non?» en disant cela, je dépose mes mains sur le côté de ma hanche et la fixe un instant. «Oder vielleicht hier…» dis-je en regardant l’intérieur de mon poignet «quoi que c’est pas très discret… Bon, j’ai le temps d’y penser…»

Je lui rends le sourire qu’il m’a fait tout à l’heure et laisse mon regard vagabonder dans les rues sombres.

"Non, t'inquiète, j'ai l'habitude de me battre, mais pas comme ça, juste pour le plaisir. Je m'en prends qu'à ceux qui s'en prennent à moi, quoi. T'as rien à craindre avec moi."

«Tant mieux! On sait jamais sur qui on tombe ici… It’s kinda freaky, isn’t it... ...My father gave me pepper spray once. Pour me defendre, ya know. Mais je l’ai perdu, ou ma sœur me l’a vole, je sais pas trop. C’est embêtant un peu… Imagine, si t’avais été un maniaque! Je me serais défendu avec quoi?»

Je soupire lourdement. On continue toujours de marcher, c’est quand même loin chez moi… J’espère qu’il ne regrettera pas de m’avoir accompagné.

Donc il a 19 ans… Il me lance ensuite :
«Tu crois que je pourrais me payer un logement à Kerisu par moi-même?»

«Bah…» je laisse ma réponse en suspend.

C’est pas vraiment poli de dire «t’as l’air pauvre» ou «t’as l’air riche». Et puis on peut jamais se fier aux apparences. Y’a déjà une femme qui m’a prise pour une sans-abri. Bon, c’est un peu poussé à l’extrême. J’ai peut-être un look particulier pour une gosse de riche, mais quand même. Une sans-abri…

Il me confirme qu’il habite encore chez son père.

«Okay… J’ai vachement hâte de partir de chez moi…»

Pas que j’aime pas mes parents. Tout le monde sait que je les adore… Mais j’en ai assez de dépendre d’eux. Mon emploi à temps partiel ne me permet pas de me payer un appartement, mais dieu sait que mes parents ne me laisseraient pas crever de faim. J’habiterais probablement un des logis les plus luxueux de Kerisu.

«Au fait, t'habite encore loin? Ça ne me dérange pas trop – personnellement j'ai encore vingt minutes de marche à faire – sauf que bon…»

Je me répète mentalement ce qu’il vient de me dire. Je ne comprend pas trop ce qu’il a voulu dire. Il en a marre de marcher, mais il voulait être poli? Il veut bien me raccompagner, mais lui il a encore 20 minutes et il commence à être tard, donc il veut pas marcher toute la nuit… J’sais pas trop.

«What?» m’exclamais-je en levant un sourcil. «C’est pas vraiment clair ce que tu viens de dire…», puis je ris. Après m’être calmé, je reprend : «Ouais, c’est encore assez loin. Tu peux partir de ton côté si tu veux…»

Je lui souris, le regarde dans les yeux, bats légèrement des cils... C'est pas que je veux vraiment le séduire, mais j'ai pas envie de retourner chez moi toute seule. J'ai vraiment peur de marcher toute seule la nuit dans ce quartier de malades. Mais bon, il est déjà très gentil de m'avoir accompagné jusqu'ici, je ne peux pas lu en demander beaucoup plus!

«C’est que je vais jamais au lycée en auto. Question d’être écologique… Mais je suis aller chez une copine, tu le sais déjà, donc j’ai 3 fois plus de marche à faire!»