C'est complètement inconcevable.
Je ne devrais pas me retrouver dans un endroit pareil, entouré de ces femmes presque ou totalement nues, parmi ces hommes qui se pâment devant tant de vulgarité, tout près de ces cabines d'où s'échappent des cris qui en disent bien long sur les activités de leurs locataires…
Un homme tel que moi ne devrait pas se trouver dans un club de danseuses.
J'ai beau me dire que c'est pour le travail, rien à y faire. Je me sens vraiment mal à l'aise et je n'arrive pas à agir comme à l'habitude. Après tout, Milan est resté à l'appartement et personne ici n'est courant de ce que je suis venu faire. Il faut dire que je ne suis qu'en reconnaissance, aussi. Histoire de voir à quoi ressemble l'endroit où la victime travaillait, si mon client était bel et bien un habitué… Le plus gros du travail se fera demain, et cette fois-ci, je peux vous jurer que mon apprentis me suivra.
Lorsque mes compagnons de la soirée décident de se payer les services d'une demoiselle, j'en profiter pour m'éclipser, n'ayant pas réellement envie qu'on me foute des nichons dans la figure. J'essaie de me frayer un chemin jusqu'au bar, où je m'installe quelques secondes pour me commander un truc à boire, avant que mon regard s'accroche sur un certain détail. Une longue chevelure d'un brun-rougeâtre comme celle-ci, ça ne court pas les coins de rues.
Je me surprends à être un peu soulagé de rencontrer un de mes rivaux dans un endroit pareil – au moins, je pourrai utiliser cette excuse si jamais on me reproche d'y être entré. Un peu hésitant, je prends mon verre et me lève, franchissant les quelques mètres qui me séparent de l'autre homme.
"Procureur von Yahiko?"
Ma voix est presque inaudible sous les bruits environnant, mais je ne doute pas qu'il m'ait entendu. Je prends place à côté de lui, sentent mes joues prendre une légère couleur rosée, la tête un peu basse. C'est probablement la première fois qu'il ne me voit pas sous mon côté "avocat tyrannique."
"Je ne pensais pas vous rencontrer dans un endroit pareil…"